Suis-moi, je te fuirai pas.

mercredi 8 février 2012

Elles

J’aime bien les films sur les putes. Sans doute parce que ma vie est un bordel.

Elles raconte l’histoire d’Anne,(superbe Juliette Binoche) journaliste dans un grand magazine féminin pour lequel elle doit enquêter sur les étudiantes prostituées.

Charlotte (Anaïs Demoustier) est l’une d’entre elles : elle est jeune et pour échapper à un destin pull en acrylique, meubles Conforama, elle offre son corps et pas son nom.
Car pour ses clients, elle est Lola.
Lola est une jeune fille en fleurs avec des taches de rousseur, elle est rieuse, d’un client peut tomber amoureuse et a des limites : certes sans préservatif elle suce, mais elle n’accepte point les bouteilles dans l’anus.

L’autre, c’est Alicja (Joanna Kullig) : elle est blonde et polonaise, et pour ne plus à avoir sortir avec un arabe de cité (le délicieux Ali Marhyar, déjà très touchant dans J’aime regarder les filles), se fait pisser dessus par des hommes riches.
Parce qu’elle a très soif d’argent.
Alicja est bien plus une caricature que Charlotte, de celles qu’on voit dans «Zone interdite» sur M6.
Alicja est l'étoile en moins du film.
Mais qu’importe après tout, puisque c’est une fille de l’est.

C’est un bémol évident ce parti prix de la réalisatrice Malgorzata Szumowska, elle même polonaise. Comme si l’origine déterminait le degré de pauvreté et de perdition.
Alicja, en effet, vit mal son métier, est incapable de savoir si c’est elle qui "a le pouvoir" ou pas, tout ce qui l’anime c’est l’excitation qu’elle peut susciter chez le mâle, elle parle peu mais elle danse et quand ce n’est pas dans la pisse, c’est dans la vodka qu’elle noie ses origines qui la condamnent.

Anne la journaliste est quant à elle, mariée à Patrick (Louis-Dominique De Lencquesaing, qui, drôle de clin d’oeil, était un client assidu des filles de l’Apollonide) : il travaille comme un porc, accuse sa femme de l’échec scolaire de son fils, lui demande de ne pas tenir de propos féministe quand elle invite son patron, regarde du porno sur son Mac, désire sa femme seulement quand elle est sur-maquillée et sur-décolletée.
Patrick est LE mari.

Au fil de son enquête, Anne est troublée par sa propre condition, incapable de quitter son confort bourgeois malgré sa prise de conscience toujours plus grande et plus justifiée au fil du film qu'elle aussi est une pute.
Anne mange des concombres au yaourt et fait de la gym devant la télé pour que Patrick n’ait de pute que sa femme.

Les femmes sont toutes des putes, qu’elles soient dépendantes d’un mari, d’une fortune, d’une famille, d’une situation ou de leur corps.

C’est le constat de Malgorzata Szumowska mais ce n’est pas le mien parce que j’ai du talent.


Au cinéma depuis le 1er février 2012



3 commentaires:

  1. c'est une intéressante critique à la plume bien enlevée, sur un film qui s'est plutôt fait descendre par les autres (critiques). Tu me donnes presque envie d'aller voir le film! (donne-moi encore une autre bonne raison et j'y vais!) Et pour faire suite à ton clin d'oeil sur l'acteur Louis-Do, notons qu'il incarne aussi dans Polisse l'horrible papa grand bourgeois qui abuse de sa petite fille...
    LacanP

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  2. Exact pour Louis-Do! Peu d'acteurs ont leur pareil pour des rôles de gros dégueulasses assumés. Quant à LA raison d'aller voir ce film : on y voit les seins de Binoche.

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  3. Les seins de Binoche ? Et alors, ça vaut le détour ?

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