Suis-moi, je te fuirai pas.

mercredi 1 février 2012

Detachment

Detachment, c’est Entre les murs de François Bégaudeau version américaine, supplément Dangerous minds.

Le prof, déjà, c'est Adrien Brody : son costard méga repassé, veston, chemise blanche et a du pento dans les cheveux quand François Bégaudeau était sponsorisé par Quesha et la Camif.
D’ailleurs, il ne s’appelle pas Bégaudeau mais Barthes. Commes Roland, madame. Et pas François mais Henry. Comme Henry Miller.
Il représente grave Henry Barthes.

Je suis allée voir ce film parce que savais qu’il parlait de moi et pas seulement parce qu’Henry Barthes représente grave.

Henry Barthes est professeur remplaçant parce que tu comprends, il a vécu des trucs durs dans son enfance, donc ça l’a perturbé, donc il est incapable d'engagement à long terme. Je suis quant à moi enseignate remplaçante parce que j’ai moins de boulot j’avoue : je suis donc la version française donc réaliste d’Henry Barthes.
Henry Barthes est stylé et quand il marche dans les couloirs de son collège, on dirait qu’il présente la dernière collection Kenzo.
Comme moi, version H&M, toujours à cause du réalisme petit budget du cinémoi français. Henry Barthes n’a pas peur de parler aux élèves comme à ses égaux, il craint dégun, même pas de se faire traiter de «dickhead».
Moi c’est pareil, je suis courageuse, un élève m’a déjà traitée de Lady Gaga et j’ai même pas eu peur.
Henry Barthes, comme moi, n'a pas besoin de préparer la classe tant il l'a déjà. Il adore Edgar Poe, pas Marc Lévy.

Henry Barthes est remplaçant dans un lycée dans lequel les professeurs se font cracher dessus et se suicident trois fois par jour.
Moi aussi un jour un élève m’a agressée, je me souviens; il m’a demandé si je ne venais pas de Neuilly sur Seine.
Henry Barthes a du coeur, il sauve une adolescente de la prostitution, la recueille chez lui et lui donne du love, il est comme ça Henry.

Detachment est un constat intéressant sur l’inutilité de notre travail, les limites de l’enseignement et l’impossibilité du détachement face à la misère ambiante.

Me voila de fait dans le pétrin : avant d’avoir vu l’Apollonide, je voulais devenir péripatéticienne jusqu’à ce que je comprenne qu’en fait, c’était sale et Detachment me confirme qu’enseigner, ça craint.

Qui m’embauche?



Au cinéma depuis le 1er février 2012





1 commentaire:

  1. Hello,
    Je trouve personnellement que Detachment, c'est surtout un film sur l'impuissance d'un homme face à des enfants livrés à eux-mêmes. Oui le travail d'enseignant est dur, mais ici on comprend surtout qu'être un adolescent dans le monde dans lequel on vit aujourd'hui, ça l'est tout aussi - dur.
    Henry Barthes a du coeur et surtout de l'empathie. Et c'est cette empathie qui fera à la fois son bonheur ET son malheur.
    Un très bon film selon moi :)

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